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Nos adhérents réagissent sur le projet d’usine de méthanisation de Girolles

9 décembre 2020

Monsieur le Préfet du Loiret
Direction Départementale de la Protection des populations
Service Sécurité de l’Environnement
181, rue de Bourgogne
45042 Orléans Cedex

Objet : consultation publique concernant le projet de méthanisation à Girolles SAS les 6 fermes

Madame, Monsieur,

J’ai été informée, il y très peu de temps d’une consultation publique sur la commune de Girolles pour un projet qui va impacter 19 communes avoisinantes. Ceci m’amène à la réflexion que lire des documents, l’un de de 267 pages avec les annexes, l’autre de 163 pages etc..; comprendre de quoi il s’agit, de n’avoir pu rencontrer personne ni avoir recours à des spécialistes de ces sujets pour répondre à mes questions est un jeu faussé. Les promoteurs du projet ont certainement fait appel à des professionnels, y compris des juristes et bien entendu à la société SET qui a réalisé le document, ce, sur la période nécessaire pour mettre au jour un tel projet (plusieurs mois voire plusieurs années).

En comparaison, nous, citoyens sans ces compétences, avons moins de 30 jours pour la période de la consultation, et bien évidemment le savoir par un simple (petit) affichage en mairie !! et ce, pendant la période de confinement!!, bref par des moyens du 19ème siècle et non du 21ème siècle. La majorité des personnes à qui j’en ai parlé la semaine dernière n’est absolument pas informée, y compris les nouveaux habitants qui viennent d’emménager il y a moins de deux mois voire 15 jours.
On peut se poser la question de savoir pourquoi la consultation a été lancée pendant cette période, en plein confinement, et n’a pas été repoussée pour montrer un peu de respect aux habitants qui se sentent trahis. Je requiers une prolongation et une communication plus effective qu’un seul affichage, par exemple une distribution dans les boîtes aux lettres et plusieurs affichages dans les lieux fréquentés comme l’école non seulement à Girolles mais dans les 19 communes. En effet, comment les habitants de chacune de ces 19 communes ont été informés? Est-ce que les administrés de ces communes ont conscience du projet? Dans mon village, la Mairie a fait son travail et a informé ses habitants mais cela ne s’est pas fait partout et, de manière surprenante, pas à Girolles où les administrés sont concernés au premier chef? Il a fallut une initiative privée pour rencontrer les gens pour le faire savoir et encore beaucoup ne le savent pas encore.
Après la lecture de l’étude (267+163 pages), des recherches sur Internet j’ai un certain nombre de questions qui restent sans réponse et je m’oppose donc à ce projet.

Les habitants subissent des odeurs pestilentielles insoutenables lorsque de telles usines existent.
o Les odeurs seront-elles totalement maitrisées dans ce projet et pour combien de temps?
o Quelle est la garantie que les habitants de la commune et des communes alentours ne seront pas incommoder du tout, jamais ?
13000 tonnes de cultures à but énergétique (y compris 2000 tonnes de maïs) par an vont être produites pour être immédiatement transformées en déchets:
o N’est-ce pas un détournement de l’objectif qui est normalement de traiter uniquement des déchets ?
o N’y a-t-il pas accaparement des terres pour produire de l’énergie au détriment de l’alimentation puisque ces cultures seront uniquement dédiées à devenir des déchets?
o Combien d’engrais et d’eau vont consommer ces cultures en comparaison des cultures alimentaires?
o Y aura- t-il utilisation de pesticides pour ces cultures?
o Quelle est la politique de la protection et du maintien des terres agricoles dans le Loiret pour les ressources vivrières et alimentaires ?
Risques sanitaires :
Des déchets de boucherie (viande) et ceux de grandes et moyennes surfaces seront utilisés.
o Quelle garantie y a-t-il qu’il n’y aura pas, à la longue, concentration de substances indésirables: antibiotiques, métaux lourds, et autres produits utilisés par l’industrie alimentaire dans les digestats qui seront épandus sur les terres?
o Est-ce que ces déchets seront totalement dépouillés sur leurs emballages ?
o N’y a t-il aucun risque de provoquer à terme une résistance des bactéries et de tuer les bonnes bactéries?
L’étude dit qu’il n’y a aucun danger pour les nappes phréatiques et les terres si les précautions, recommandations, règlementations, contrôles sont respectées :
o Comment savoir si, à force d’accumulation, les normes actuelles sont viables sur le long terme?
o Aujourd’hui plusieurs communes, dont la notre, sont incapables de fournir de l’eau potable à ses habitants à cause des engrais, pesticides et autres produits qui ont été épandus pendant des années. Nous savons que les promesses d’hier font les catastrophes d’aujourd’hui : comment ces 19 communes pourront garantir la qualité de l’eau sur le long terme?
o Comment les épandages de ces digestats se combinent avec l’autre méthaniseur de Corquilleroy
o Qui va effectuer les contrôles indépendants, quels sont les protocoles, quelles fréquences et à qui en revient la responsabilité?

24000 tonnes de déchets par an sont prévus pour nourrir la machine soit 65 tonnes par jour
o Quelle sera l’augmentation du trafic par poids lourds sur les routes départementales et communales pour alimenter l’usine?
o Quel sera l’intensité du trafic des tracteurs sur les routes départementales et communales ensuite pour amener les digestats sur les terres?
o Quelle sera l’augmentation en CO2 liée à ce trafic?
o Qui va entretenir les routes et qui va payer pour le passage de ces véhicules uniquement dédiés à l’activité de l’usine?
Risques industriels: échappées de gaz, le processus génère d’autres gaz, comme le sulfure d’hydrogène (H2S) toxique et très corrosif. A force, il peut percer les tubulures d’un méthaniseur et provoquer des fuites de méthane, un gaz à effet de serre 25 fois plus puissant que le C02
o Qui est responsable en cas d’accident?
o D’où viennent les matériaux qui servent à construire l’usine?
o Qui est le constructeur ?
o Comment sont effectués les contrôles pour éviter les échappées de gaz?
o Qui gère l’ensemble de l’usine; quelles sont les niveaux des compétences des personnes dédiées à son fonctionnement? (à Tchernobyl il n’y avait pas de staff ayant les compétences de physicien nucléaire seulement des techniciens et des administratifs qui ont suivi des procédures écrites et n’ont pas compris ce qui se passait…….)
o Comment les populations seront prévenues, par qui et quels moyens en cas de fuites et autres accidents?
o Qui sera responsable du démantèlement de l’usine lorsque l’usine ne tournera plus ?
Equilibre entre le développement économique et protection de l’environnement pour les habitants
o Comment les agriculteurs qui veulent se convertir au BIO vont pouvoir le faire?
o Quelle sera la solution pour les jeunes agriculteurs qui recherchent actuellement des terres à cultiver alors que des hectares vont être détournés pour produire des déchets?
o Qui va dédommager les habitants en cas de dévaluation de leur biens immobiliers à cause de la proximité avec l’usine et des odeurs répandues?
o Comment recevoir les nouveaux habitants de la région?
o Combien de familles sont venues s’installer pour avoir un meilleur cadre de vie et se retrouvent spolier? (des maisons neuves sont en construction)
o Est-ce que la balance entre les retombées économiques et les nuisances a été mesurée pour les communes situés à moins de 5 km du méthaniseur?
o Combien d’habitants se situent dans les zones de 5 kilomètres, puis 10 kilomètres autour de l’usine?
o N’y-a- t-il pas le risque que la région devienne un sorte de ‘poubelle’ de l’Ile de France, avec déjà deux autoroutes; une carrière, des projets d’éoliennes géantes près des habitations?
o Quid des plans de sauvegarde du paysage, de la qualité de l’air pour un développement agricole et touristique durable?
Autres méthaniseurs géographiquement très proches à vol d’oiseau
o Comment ce projet s’inscrit-il dans la région à 10/20 km à la ronde en parallèle d’autres chantiers de méthaniseurs en cours à Corquilleroy et un projet à Griselle?
o Comment ces usines vont – t -elles être ravitaillées en matière de déchets, y en aura-t-il suffisamment?
o Combien de surfaces de cultures au total de tous ces projets dans le Loiret vont être ôtées des cultures vivrières dans ces plaines du Gâtinais?
Equilibre financier du projet
o Quelle garantie y-a-t-il que des subventions ne viendront pas compenser une non rentabilité du projet?
o Quel est le rôle de la Société VSB qui finance 150k euros ?
o Si les personnes qui investissent dans ce projet se retrouvent finalement dans une situation financière non viable, qu’adviendra-t-il des structures et de la surface de terre (cultivée aujourd’hui)
Des recherches effectuées à ce jour sur différents média et des discussions avec les habitants directement impactés, il ressort que les Personnes (de vrai êtres humains) qui ont l’expérience de la proximité de ces “usines” et des épandages des digestats sont désespérées avant tout par les odeurs insupportables et le trafic. On s’aperçoit qu’il n’y a aucune retombée positive pour les habitants qui subissent tous les désagréments. Certains agriculteurs de bons sens et connaissant le cycle des terres ont des réflexions et commentaires très pertinents.
Je vous joins ci-dessous un extrait parmi tant d’autres de mes lectures:
Directeur de recherche Honoraire de l’INRAe ( Institut National de Recherche pour l’Agriculture, l’Alimentation et l’environnement), Jean Pierre Jouany commente :

Extraits :

” ….La production de biométhane à partir de cultures agricoles dédiées conduit à un bilan négatif au niveau des rejets de CO2 et de l’énergie, fournit des fertilisants de qualité médiocre et peut placer les agriculteurs en situation financière délicate. Cette technologie ne répond donc pas aux enjeux environnementaux, économiques et sociaux pourtant mis en avant par les pouvoirs publics pour la promouvoir. (…)
….De tels calculs montrent que le bilan CO2 de la méthanisation n’est pas neutre et ne conduit pas à une réduction des gaz à effet de serre contrairement à ce qu’indiquent les organismes ou agences publiques, voire certaines ONG, qui plaident en faveur de la production de biogaz agricole.(…)
…. La méthanisation ne peut donc pas être considérée comme une source d’énergie durable, ni comme un moyen de lutte contre le changement climatique.(…)
…. Les digestats ne sont donc pas de bons fertilisants et ne permettent pas de résoudre la question de la pollution par les nitrates et les phosphates, en particulier dans le cas de sols à faible teneur en complexe argilo-humique qui ont la capacité de les retenir. Leur possible contamination par des bactérie pathogènes doit également être envisagée.(…)
… On constate donc que la méthanisation n’a pas pour objectif réel de soutenir l’agriculture et les agriculteurs. Sa technologie complexe et son coût élevé sont davantage destinés à des investisseurs intéressés par la demande croissante d’une énergie qui sera de plus en plus chère. ”
Une chose est certaine, c’est que les foyers qui ont les moyens vont fuir et, on peut se demander à quoi ressemblera la population dans quelques années.
Les familles qui sont en train de faire construire leur maison, qui vienne d’emménager depuis peu de temps sont absolument révoltées, pourquoi n’ont-ils pas été informés de ce projet lors de leur acquisition. Que faut-il penser de la communication de la part de la Mairie lorsqu’il y a eu acceptation de permis de construire non loin du site?
Je fais donc appel au bon sens et à la responsabilité des autorités et demande à ce que leur rôle de protection des populations soit ce qui prime.

D’avance je vous remercie de bien vouloir répondre à ces questions et je vous prie d’agréer, Madame, Monsieur, l’expression de mes salutations distinguées.

Marie-Pascale Lefèvre
46, rue de Courtempierre
45490 Treilles en Gâtinais

Treilles en Gâtinais le 9 décembre 2020